Here's another literary text that has something to say about gardening or caring (for plants) at least. I'll post more extracts from Le Petit Prince as the Flower features quite prominently in this story, and there is more to be said about caring for her.
Le Petit Prince is available on line at : http://www.ebooksgratuits.com/ebooks.php
As before, the original text first and then my translation... in orange.
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Extract from
Le Petit Prince par Antoine de Saint-Exupéry
Chapitre VII
– Mais non ! Mais non ! Je ne crois rien ! J’ai répondu n’importe quoi. Je m’occupe, moi, de choses sérieuses !
Il me regarda stupéfait.
– De choses sérieuses !
Il me voyait, mon marteau à la main, et les doigts noirs de cambouis, penché sur un objet qui lui semblait très laid.
– Tu parles comme les grandes personnes !
Ça me fit un peu honte. Mais, impitoyable, il ajouta :
– Tu confonds tout… tu mélanges tout
Il était vraiment très irrité. Il secouait au vent des cheveux tout dorés :
– Je connais une planète où il y a un Monsieur cramoisi. Il n’a jamais respiré une fleur. Il n’a jamais regardé une étoile. Il n’a jamais aimé personne. Il n’a jamais rien fait d’autre que des additions. Et toute la journée il répète comme toi : « Je suis un homme sérieux ! Je suis un homme sérieux ! » et ça le fait gonfler d’orgueil. Mais ce n’est pas un homme, c’est un champignon !
– Un quoi ?
– Un champignon !
Le petit prince était maintenant tout pâle de colère.
– Il y a des millions d’années que les fleurs fabriquent des épines. Il y a des millions d’années que les moutons mangent quand même les fleurs. Et ce n’est pas sérieux de chercher à comprendre pourquoi elles se donnent tant de mal pour se fabriquer des épines qui ne servent jamais à rien ? Ce n’est pas important la guerre des moutons et des fleurs ? Ce n’est pas plus sérieux et plus important que les additions d’un gros Monsieur rouge ? Et si je connais, moi, une fleur unique au monde, qui n’existe nulle part, sauf dans ma planète, et qu’un petit mouton peut anéantir d’un seul coup, comme ça, un matin, sans se rendre compte de ce qu’il fait, ce n’est pas important ça !
Il rougit, puis reprit :
– Si quelqu’un aime une fleur qui n’existe qu’à un exemplaire dans les millions et les millions d’étoiles, ça suffit pour qu’il soit heureux quand il les regarde. Il se dit : « Ma fleur est là quelque part… » Mais si le mouton mange la fleur, c’est pour lui comme si, brusquement, toutes les étoiles s’éteignaient ! Et ce n’est pas important ça !
Il ne put rien dire de plus. Il éclata brusquement en sanglots. La nuit était tombée. J’avais lâché mes outils. Je me moquais bien de mon marteau, de mon boulon, de la soif et de la mort. Il y avait, sur une étoile, une planète, la mienne, la Terre, un petit prince à consoler ! Je le pris dans les bras. Je le berçai. Je lui disais : « La fleur que tu aimes n’est pas en danger… Je lui dessinerai une muselière, à ton mouton… Je te dessinerai une armure pour ta fleur… Je… » Je ne savais pas trop quoi dire. Je me sentais très maladroit. Je ne savais comment l’atteindre, où le rejoindre… C’est tellement mystérieux, le pays des larmes.
Chapitre VII
– Mais non ! Mais non ! Je ne crois rien ! J’ai répondu n’importe quoi. Je m’occupe, moi, de choses sérieuses !
Il me regarda stupéfait.
– De choses sérieuses !
Il me voyait, mon marteau à la main, et les doigts noirs de cambouis, penché sur un objet qui lui semblait très laid.
– Tu parles comme les grandes personnes !
Ça me fit un peu honte. Mais, impitoyable, il ajouta :
– Tu confonds tout… tu mélanges tout
Il était vraiment très irrité. Il secouait au vent des cheveux tout dorés :
– Je connais une planète où il y a un Monsieur cramoisi. Il n’a jamais respiré une fleur. Il n’a jamais regardé une étoile. Il n’a jamais aimé personne. Il n’a jamais rien fait d’autre que des additions. Et toute la journée il répète comme toi : « Je suis un homme sérieux ! Je suis un homme sérieux ! » et ça le fait gonfler d’orgueil. Mais ce n’est pas un homme, c’est un champignon !
– Un quoi ?
– Un champignon !
Le petit prince était maintenant tout pâle de colère.
– Il y a des millions d’années que les fleurs fabriquent des épines. Il y a des millions d’années que les moutons mangent quand même les fleurs. Et ce n’est pas sérieux de chercher à comprendre pourquoi elles se donnent tant de mal pour se fabriquer des épines qui ne servent jamais à rien ? Ce n’est pas important la guerre des moutons et des fleurs ? Ce n’est pas plus sérieux et plus important que les additions d’un gros Monsieur rouge ? Et si je connais, moi, une fleur unique au monde, qui n’existe nulle part, sauf dans ma planète, et qu’un petit mouton peut anéantir d’un seul coup, comme ça, un matin, sans se rendre compte de ce qu’il fait, ce n’est pas important ça !
Il rougit, puis reprit :
– Si quelqu’un aime une fleur qui n’existe qu’à un exemplaire dans les millions et les millions d’étoiles, ça suffit pour qu’il soit heureux quand il les regarde. Il se dit : « Ma fleur est là quelque part… » Mais si le mouton mange la fleur, c’est pour lui comme si, brusquement, toutes les étoiles s’éteignaient ! Et ce n’est pas important ça !
Il ne put rien dire de plus. Il éclata brusquement en sanglots. La nuit était tombée. J’avais lâché mes outils. Je me moquais bien de mon marteau, de mon boulon, de la soif et de la mort. Il y avait, sur une étoile, une planète, la mienne, la Terre, un petit prince à consoler ! Je le pris dans les bras. Je le berçai. Je lui disais : « La fleur que tu aimes n’est pas en danger… Je lui dessinerai une muselière, à ton mouton… Je te dessinerai une armure pour ta fleur… Je… » Je ne savais pas trop quoi dire. Je me sentais très maladroit. Je ne savais comment l’atteindre, où le rejoindre… C’est tellement mystérieux, le pays des larmes.
"No of course not! I don't believe in anything." I was just talking for the sake of it. "I'm busy. I've got serious work to do."
He looked at me, amazed. "Serious work?"
He was watching me. I had a hammer in my hand, my fingers were black with oil and I was leaning over something that to him was very ugly.
"You sound just like an adult!"
That made me feel rather ashamed. But he was pitiless and added:
"You're confusing everything. You're muddling everything."
He was really annoyed and his golden locks were shaking in the wind.
"I know a planet where there is a purple-faced gentleman. He's never smelt a flower. He's never wondered at the stars. He's never loved anyone. He's never done anything other than his sums. And all day long he says the same thing over and over again, just like you: I'm an important man. I'm an important man. And that puffs him up with pride. But he's not a man! He's a mushroom!"
"A what?"
"A mushroom."
The Little Prince was now white with anger.
"For millions of years flowers have been growing thorns. For millions of years sheep have been eating those very same flowers. Don't you want to know why flowers take so much trouble to grow thorns that are never any good for anything? Doesn't it matter that the sheep and the flowers are at war? Isn't that more important, doesn't that count more than the fat purple-faced man's sums? And what if I know a flower, a flower like no other in the world, which only grows on my planet. What if one day, one morning, a sheep were to eat my flower, annihilating it in a single bite without even realizing what he's done. Doesn't that matter?"
He was turning red. Then he said:
"If you love a flower that is so unique that it only grows in one place in the whole of the Universe, that should be enough to make you happy because wherever you are you always know that your flower is out there somewhere. But if a sheep were to eat your flower, it would be like all the stars in the Universe suddenly disappearing. Doesn't that matter to you?"
He couldn't say anymore. Then, suddenly, he started crying. It was dark now. I'd already put my tools down. I didn't care about my hammer, my bolt, being thirsty or dying. They didn't seem to matter anymore. Out there, on a planet somewhere under the stars, on my planet, on Earth, there was a little prince who needed comforting. I put my arms around him and rocking him gently said: "Your flower is safe. I'll draw a muzzle for the sheep. I'll draw a shield for your flower. I'll..." I didn't really know what to say. I felt very awkward. I didn't know how to reach him. I didn't know where he was. He was in such a strange, sad place.